jeudi, juin 03, 2010

1976 ... Arkhê ... et puis aussi quelques souvenirs personnels


Il est amusant de constater combien la bande dessinée, elle aussi, peut être représentative d'une époque. J'en prends pour témoin cette planche originale de Caza que j'ai récemment acquise.

Partie intégrante d'une histoire courte parue dans les premiers numéros de Métal Hurlant (1976) puis reprise dans le mythique album "Arkhê" (1982), cette planche originale très détaillée et de beau format est composée à l'encre de chine à l'aide d'un technique qu'on pourrait presque rapprocher du pointillisme. Au delà de la technique, elle évoque pour moi une époque psychédélique, une ambiance baba-cool où régnaient le délire, la transgression par certaines drogues, la libération des moeurs ...

1976, c'est justement un peu la fin de l'époque hippie, on se trouve à l'orée d'une période plus grave avec dès 1977 l'arrivée du mouvement punk, puis le deuxième choc pétrolier etc... En bande dessinée aussi, on va vers des choses plus sobres comme le retour à la ligne claire et l'émergence de talents comme Yves Chaland.

Pour moi aussi, 1976 est une année importante.
J'ai 14 ans et je pars l'été aux Etats-Unis car mon père a convenu de faire un échange avec une relation professionnelle qu'il a là-bas.
Aussi, il est prévu que je passe 3 semaines chez eux à Cleveland (Ohio), puis le fils de la famille Wherry viendra en France chez nous 3 semaines.

- La première partie se passe idéalement mais démarre par une grosse frayeur : arrivé seul à l'aéroport de New-York, j'ai 30 minutes pour trouver le papa de Steve car je dois prendre la correspondance avec lui. Or, je ne me souviens plus trop bien de son visage, ne l'ayant vu qu'une fois à Paris . De plus, à 14 ans, j'avais du mal à imaginer comment pouvait être l'aéroport de New York . Or, il s'avère que c'est grand, très grand ! Courant dans un dédale de couloirs, de halls, en tirant ma lourde valise, je panique, sue, et c'est finalement lui qui me reconnait in extremis. Nous attrapons la correspondance de justesse.
Arrivé pendant les fêtes du bicentenaire de la constitution américaine (1776-1976), je suis reçu avec gentillesse dans une vaste maison de Cleveland, avec piscine. Nous partons une grosse semaine faire un périple à Washington D.C. , en Virginie (dont quelques jours passés au luxueux Homestead),en Pennsylvanie, et puis retour en Ohio (excellents souvenirs du parc Cedar Point).

- Le séjour de Steve (15 ans) en France, par contre, s'est plutôt mal passé et je crois pouvoir dire avec le recul que nous y avions pas été pour grand chose. Il avait décidé d'être malotru, enfant gâté, bizarrement impoli à l'étranger alors que ses parents étaient si charmants. Il nous a mené la vie dure, refusant d'apprendre un seul mot de Français. A Paris, il nous a déclaré que les monuments n'étaient que des vieilles pierres sans intérêt. Il voulait éventuellement aller au restaurant, mais seulement au luxueux restaurant du 1er étage de la Tour Eiffel ce que mon père a évidemment refusé.
Ensuite, nous avions loué une jolie maison à Antibes, mais cela ne lui a pas convenu non plus.
Culinairement parlant, il n'aimait pas grand chose, mais il noyait par exemple les yaourts nature de ketchup (véridique). Ah oui, il avait flashé sur les mousses au chocolat ! Alors en fin de repas, il tapait sur la table en beuglant "MOUSSE, MOUSSE !" pour nous faire comprendre qu'il voulait sa mousse.
Nous avons dû écourter son séjour de quelques jours en achetant en catastrophe - et à nos frais - un billet d'avion pour le rapatrier chez lui plus tôt. Notre dernier échange a été pour dire que nous ne voulions surtout plus jamais nous revoir, et que c'était bien réciproque.

Share/Save/Bookmark

Aucun commentaire: