jeudi, mars 29, 2007

De l’apparente supériorité de l’art pictural sur l’art narratif


Il y a quelques jours, je vous racontais avoir vu les œuvres de David B. au Salon du dessin contemporain. Sa galeriste avait des planches par devers elle, mais n’exposait que des dessins de couverture.
Comme si, finalement, une planche de bande dessinée, ça ne faisait pas sérieux, et risquait de dévaloriser l’ensemble. Surtout lorsqu'on cotoie dans un même lieu une trentaine d'autres galeries "classiques".

L’art narratif est déroutant en ceci qu’il ne peut être appréhendé d’un seul coup d’œil. Partie intégrante d’une histoire, la planche originale doit se parcourir voire se lire. Son handicap est d'être perçue d'emblée comme fraction, sans autonomie propre.
De plus, pour la génération des seniors, la bande dessinée s’assimile à un travail facile, un peu bêbête, uniquement destiné aux enfants. Allez leur expliquer que dans les années 70/80 sont nées des chefs d’œuvres essentiels, avec des histoires complexes destinées aux adultes, signées Pratt, Comès, Tardi, etc…
Alors que l'art pictural, au contraire de l’art narratif se suffit à lui-même, ne se raconte pas, se contente d’être. Et c’est sûrement plus rassurant.

Le lendemain, vente de prestige Enki BILAL, 32 dessins originaux chez Artcurial. Enorme succès pour cette vente médiatisée, les 32 dessins ayant fait plus d’un millions d’euros en résultat cumulé.
La vente fera date, mais même phénomène : aucune trace - même infime - de bande dessinée, alors qu'Enki Bilal comme David B. est avant tout une fantastique dessinateur de bande dessinée.
On gomme la BD, et hop ! par un tour de passe-passe qui s’assimile à un positionnement marketing, on parvient à basculer l’artiste dans le registre « Art contemporain » . Avec des prix qui s'envolent.
Opération 100% réussie à cet égard pour Bilal…à qui le tour ?
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Lignes et couleurs


Lines and Colors est un blog que m'a fait connaître le dessinateur Li-An.

Très érudit, multiarts, multicontinents, se référant tant aux illustrateurs américains du XIXème siècle qu'aux designers numériques japonais favoris des gamers, ce site est passionnant et éclectique.
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mardi, mars 27, 2007

Eternelle boîte à musique

"The musical box" de Genesis fait sans conteste partie de mes morceaux préférés depuis toujours.
Sur cet enregistrement d'époque (1971, sans doute) Peter Gabriel est totalement fascinant, avec une aura scénique qui ne se démentira pas par la suite, Phil Collins est encore un sage batteur barbu et chevelu, le reste de l'équipe (Banks, Rutherford, Hackett) ayant l'air d'étudiants appliqués sur leurs instruments.




Bonne idée également que de faire appel à Paul Whitehead pour leurs couvertures de disques. Celle de "Nursery Cryme" (album qui débute justement par "The musical box") reste une des plus troublantes.


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vendredi, mars 23, 2007


Vendredi de vacances. J'ai passé une partie de l'après-midi au Salon du dessin contemporain, dans un somptueux hotel particulier de l'avenue d'Iéna.
Sur 6 étages, la trentaine de galeries présentes occupent l'espace par appartement. C'est astucieux et convivial. Très hétérogène, bien sûr, du concret, de l'abstrait, des formats immenses, des tout petits formats. Le public est plutôt agé, friqué, un rien snobinard.
J'étais surtout venu à la suite d'un article dans "Le Monde", qui - titrant "L'attrait du trait" - était illustré par un dessin de David B., une couverture de l'Ascension du Haut Mal.
Or, David B. est un artiste dont le travail m'intéresse depuis longtemps. Je suis donc venu voir ce qui était exposé, via la Galerie Anne Barrault. A suivre, car contact est pris.
Cette visite m'a donné l'occasion d'apercevoir le travail d'autres artistes, mais rien ne m'a vraiment tapé dans l'oeil.
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jeudi, mars 22, 2007

Scène entendue à la maison l'autre soir, avec mon fils de 6 ans :
- Papa, trempe pas ta cuillère dans mon yaourt, tu es contaminé....
- Ah non, tu crois que j'ai une maladie ? une maladie grave ?
- Oui, tu as sûrement une maladie grave !
- Ah bon.... et laquelle ?
(lui, prenant l'air sérieux)
- le SODA !
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Agréable cohue


Mon ami Jacques-Marie m'ayant aimablement invité à l'accompagner à la soirée inaugurale du Salon du Livre de Paris (il édite chez au moins 4 ou 5 éditeurs), je l'ai suivi ce soir dans l'immense hall de la Porte de Versailles où se pressaient à peu près tout ce que notre pays compte de libraire, d'éditeurs, d'écrivains, de gens ayant le livre de près ou de loin dans leur sphère d'intérêt professionnelle. Quand je dis "notre pays", c'est limitatif, car on y voit aussi beaucoup de littérature étrangère, avec cette année un focus sur l'Inde.
Côté "bande dessinée", des stands dynamiques également, et je n'ai pas pu éviter de passer voir l'expositions des 30 oeuvres de Bilal exposées par Christian Desbois ... un régal pour les yeux.
Les petits fours sur certains stands étaient eux un régal pour les papilles.
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mercredi, mars 21, 2007

Automédicamente toi, et le ciel t'aidera


Alors que le gouvernement cherche à développer l'automédication en France pour diminuer les dépenses de santé, l'équipe du fameux dictionnaire VIDAL - celui que vous voyez sur la table de votre toubib - lance Automedication.fr , site qui regorge d'infos sur la santé, avec aussi un index complet des principaux médicaments sans ordonnance.
Initiative intéressante dans la mesure où sur le web, il y a parfois du vrai et parfois des informations contradictoires ou totalement fausses.
Il parait même que le Ministère de la Santé veut donner des labels de sérieux à certains sites. Cela serait sûrement de nature à mieux se répérer dans la jungle du web, sur un sujet où une erreur peut avoir des conséquences graves.
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lundi, mars 19, 2007


Nicolas de Crécy est un graphiste hors pair, c’est entendu.
Après la mise en jambes de « Léon La came », le délire graphique du « Bibendum Céleste », De Crécy a inauguré avec l’excellent « Période glaciaire » une collaboration avec Le Louvre.
Pour l'artiste, une certaine manière d’institutionnaliser son travail, et lui donner ses lettres de noblesse, et pour Le Louvre de donner des signes d'ouverture vers le moderne. D'autres artistes continuent dans cette voie avec le prestigieux partenaire.

Aujourd’hui sort « Journal d’un fantôme », 222 pages passionnantes narrant les voyages à Nagoya (Japon) et Belize (Brésil, à l’occasion d’un reportage commandé par la revue GEO). Le livre tient tout autant du carnet de voyages que du précis philosophique s’interrogeant au statut de l’artiste. Les séquences relatant la phobie de l’avion sont criantes de vérité, on a vraiment mal pour lui. Et tant au Japon qu'au Brésil, le choc des cultures transparait à travers les pages.

Le trait a l’air jeté, mais il est formidablement précis, évocateur. De Crécy mélange encre de chine, crayon, lavis, brou de noix. Et cette couverture, mazette !
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jeudi, mars 15, 2007

Insectes d'Outre-Manche


Bien ri en voyant cette affiche ce matin dans le métro ! Alors que je venais justement d'expliquer hier soir à mes enfants que les Beatles (en fait, Beetles), ça voulait dire littéralement "scarabées".
Du coup, ce soir, on a ressorti la pochette d'"Abbey Road", qu'ils connaissaient déjà, pour comprendre le message de la publicité. Je n'ai pas eu besoin de donner beaucoup d'explication, ça a fait tilt !

PS : un peu plus tard, en y regardant de plus près, j'ai réalisé combien avaient été astucieux les publicitaires pour évoquer la fameuse pochette des 4 de Liverpool. Les couleurs des vestes sont respectées depuis la veste bleue d'Harrisson à gauche (scarabée bleu) jusqu'à la veste blanche de Lennon à droite. Mais comment faire un scarabée blanc ? Problème astucieusement résolu en créeant un reflet sur celui-là.
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Parkinson impose sa loi


Plus j’avance dans ma vie professionnelle, plus je remarque combien la loi de Parkinson est vraie dans les grandes organisations. Quand on l’a en tête, on voit les choses tout à fait autrement.

Qu’est-ce que la loi de Parkinson ?

"Tout travail tend à se dilater pour remplir tout le temps disponible"
... ou dit autrement
"Plus on accorde de ressources (temps, argent, personnes, etc…) à une activité, plus on a tendance à consommer toutes ces ressources".

Cela signifie que, si un manager a dix personnes sous la main pour exécuter une tâche dont pourraient s'acquitter cinq personnes en une semaine, vous pensez, arithmétiquement, qu'il en aura fini au bout de deux jours et demi. Eh bien, non. Il rajoutera ce qu'il faut de complications, réunions, consultations pour que le chantier dure effectivement une semaine à dix personnes. Nous avons tous constaté que le fait d'ajouter des ressources supplémentaires - intérimaires, consultants extérieurs - pour accélérer un projet aboutit à l'effet inverse et le retarde plus encore.

C.N. Parkinson soutient en 1958 l'idée qu'il y a très peu de relation entre la quantité de travail effectué dans une organisation et le nombre d'employés.
Parkinson avait en effet observé durant la seconde guerre mondiale que l'on trouvait toujours des tâches à faire pour les hommes dans l'armée anglaise et que le fait d'avoir beaucoup de subordonnés était une source de prestige.
D’après sa loi, tout collaborateur a tendance à étaler sa masse de travail sur le temps mis à sa disposition : il peut toujours s'inventer des tâches pour remplir le temps de travail défini par des normes institutionnelles. Il se crée donc du travail !
Une fois « débordé » et même si c’est son propre comportement qui génère cette situation, ce collaborateur va alors réagir en demandant du renfort et en faisant engager plus de personnel….
Tout collaborateur souhaite en effet multiplier ses subordonnés non ses rivaux…Et s’il a des subordonnés, la promotion de ce collaborateur "méritoire" est presque certaine !
En définitive, 7 personnes voire plus font faire maintenant le travail d'une seule mais la routine des projets, comptes rendus, rapports, fait que tous travaillent beaucoup et que le responsable d’équipe travaille plus dur que jamais.
Au final, l’organisation à laquelle appartiennent ce collaborateur "méritoire" et ses autres collègues aussi "méritoires", s'étend et grossit au point d'arriver à occuper le temps et les ressources à sa disposition.

Une interprétation erronée de la Loi de Parkinson serait de considérer que la meilleure façon d'optimiser l'organisation du travail consiste à planifier un maximum de tâches sur le temps le plus court possible.
C’est sur la base de cette mauvaise interprétation que certains managers - en croyant bien faire - fixent des objectifs de délais agressifs à leurs équipes, pour aboutir au final à de la démotivation et les conséquences qui en découlent.
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mardi, mars 13, 2007


"Etre connu, ça devient une profession : de plus en plus de gens sont célèbres d'être célèbres. On a pas la moindre idée de ce qu'il font, mais ils sont là, ils occupent les plateaux télé".

Bernadette Lafont dans "Libération"

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lundi, mars 12, 2007

Retour gagnant de Tracey ?


Je ne peux pas vous conseiller ce disque puisque je ne l'ai pas (encore) acheté. Et pourtant, je suis presque sûr qu'il me plaira. C'est "Out of the woods", le nouvel album solo de Tracey Thorn la légendaire chanteuse du groupe Everything But The Girl.
Voix intemporelle de la scène anglaise actuelle, également connue pour ses collaborations avec Massive Attack, évoluant dans des registres aussi divers que la pop, le folk ou l'électro, Tracey n’avait pas sorti d’album solo depuis 25 ans ("A distant shore", je recommande aussi chaudement son album avec "Marine Girls" groupe éphémère dont elle a fait partie).
La voix de Tracey est vraiment unique, magique, surtout très nostalgique, comme une vieille photo sepia.

A propos de vieille photo, j'étais allé voir "Everything but the Girl" à leurs débuts, lors d'un concert vers 1984 à Courtrai (Belgique, j'étais à Lille à l'époque). En fin de concert, ils restaient sur scène pour dialoguer avec le public. J'étais monté sur la scène et un ami m'avait pris en photo, hilare, entre les deux membres du groupe : Tracey Thorn et Ben Watt.
Quand des amis voient cette vieille photo, ils se tournent en général vers moi en disant "Mince, t'as grossi !".
(note postérieure : photo postée ultérieurement dans cet article)
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dimanche, mars 11, 2007

Droit au logement


Comme chaque année depuis 7 ans (date de la première édition), j'étais samedi à la vente aux enchères au profit du DAL (Droit au Logement). Vente toujours animée par l'érudit Yves Frémion, où BD et surtout dessins de presse ont la part belle.
Vente toujours particulièrement intéressante, car on y trouve les originaux d'artistes qui ne vendent pas, et ne donnent QUE pour cette noble cause : Luz, Charb, Honoré, Petillon, Willem dans le dessin de presse ou Guibert, Blain, David B., Guarnido dans la bande dessinée contemporaine.

Le hasard a fait que j'étais assis à côté de Tardi, qui signe l'affiche cette année, et qui était venu avec sa compagne Dominique Grange (ex-chanteuse engagée en mai 68) et ses 4 enfants adoptifs d'origine chilienne.
Si j'en parle là, c'est qu'ils se sont engagés depuis presque 15 ans déjà sur des actions concrètes au Chili, pour la constructions de structures (jardins d'enfants) dans les bidonvilles.
Du coup, ils organiseront - eux aussi - une vente aux enchères pour financer la construction d'une crèche à Tomé. Cela se passera le 4 mai 2007 à la Maison d'Amérique Latine.
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mardi, mars 06, 2007

Hurghada, nous voilà (de retour)


J'aurais mauvaise grâce de faire la fine bouche après avoir passé une semaine à Hurghada (Egypte). Nous étions au bord de la mer Rouge, dans un grand complexe hôtelier, surtout fréquenté par des allemands. Il y avait également quelques russes (fric clinquant, bonne éducation à revoir). En tout, 1500 vacanciers, vous imaginez ? J'avoue été un peu surpris par le gigantisme du lieu.
Et nous quelques français (200, peut-être) avec notre propre équipe d'animation (Lookea, du voyagiste Look) qui s'échinait à proposer animations ou spectacles un peu cheap, mais avec une bonne volonté peu contestable. "Les bronzés 4", quoi.
J'en veux un peu à Look, car cet aspect (usine à touristes allemands) n'était guère évoqué dans le catalogue, ni les horaires des charters, en pleine nuit (sympa avec des enfants).

Les buffets étaient bons, mais la formule "All Inclusive" est perverse : regardez ces gens qui vont en permanence se servir une gorgée de pepsi ou 7up dans un verre en plastique, renouvelé à chaque fois. Ces amoncellements de gobelets dans la poubelle, dont la durée de vie n'aura été que de quelques secondes, le temps d'un gorgée... Aujourd'hui, tout ceci me choque.

Regardons maintenant l'aspect le plus connu d'Hurghada : la Mer Rouge et ses fonds merveilleux. Les environs immédiats d'Hurghada sont moins poissonneux aujourd"hui, à cause de la valse incessante des bateaux de plongeurs, et aussi de l'indélicatesse des entrepreneurs qui bétonnent la côte et n'hésitent pas à prendre la mer pour une décharge.




Aussi, nous sommes partis beaucoup plus loin vers l'îlot sauvage de Tobia pour faire du "snorkelling" : avec un simple masque et un tuba (et des palmes au pieds), en restant en surface, la vue des coraux et de la faune sous-marine est tout simplement merveilleuse. C'est un moment inoubliable. Rien que pour ça, je garderai un bon souvenir du séjour, même si la prochaine fois, j'opterai pour un environnement touristique à taille plus humaine.


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