lundi, décembre 26, 2005

Quand les TGV voleront...


Dans la série « Les gens sont des moutons », voici un petit texte auquel j'adhère à 110%.
Soyons clairs, ce texte n'est pas de moi, et ne fais pas un blog pour recopier des articles in extenso. Mais j’ai trouvé cette chronique d’Alain Rémond dans Marianne si drôle et surtout si juste que…alors, exceptionnellement...

« On est à un quart d’heure de l’arrivée. Tout le train baigne dans une douce torpeur, lecture, mots croisés, papotages, somnolence…
Soudain, branle-bas de combat. Un passager se lève, passe sa veste, son manteau, saisit sa valise, met son sac à dos, écrabouille quelques pieds qui traînent ici et là. Et se dirige d’un pas martial vers la porte du fond. C’est le signal. Un deuxième passager se lève, puis un troisième, un dixième, un vingtième, un cinquantième. Alerte générale ! En quelques secondes, une véritable folie s’est emparée du train. Tout le monde se lève. Tout le monde déménage. C’est la grande bousculade, le chacun pour soi. On prend des coups de coude dans l’œil, on reçoit un imperméable sur la tête, on se fait boxer par un sac de voyage. Tout le monde se précipite vers là-bas, vers le bout, vers le fond. Pour aller où ? Nulle part. Les premiers arrivés au fond butent sur la porte. Les autres s’agglutinent derrière. Ca n’avance plus. C’est mathématique.

Et donc, tout le monde reste debout. A la queue leu-leu. Chacun avec ses valises, son sac à dos, son ordinateur portable, son parapluie. Et la cage du chat. Un grand silence s’abat alors sur le TGV, après la frénésie, la fièvre, le sentiment d’urgence. Tous les passagers sont là, debout. Plantés comme des idiots. Il reste encore dix minutes à tenir. Et dix minutes debout dans un train qui n’arrête pas de tanguer, c’est long. Les gens n’osent plus trop se regarder. Ils voient bien qu’ils sont ridicules, les uns derrière les autres, à attendre l’arrivée en gare. Pendant ce temps-là, je reste assis, peinard. Avec quelques irréductibles qui ont résisté à l’hystérie collective. Non sans mérite : la pression est tellement forte, le branle-bas tellement général qu’on se sent presque fautif, quasiment hors-la-loi de vouloir rester assis. En plus, cette frénésie bougiste vous gâche la fin du voyage. Comment continuer à lire tranquillement , au milieu de ce brouhaha, de ce carambolage, avec des gens plantés debout juste à côté de vous, valise à la main, qui vous jettent des regards furibards, coupables que vous êtes de ne pas faire comme tout le monde ?
Enfin, le train entre en gare, cahin-caha. C’est le moment de se lever, de penser à prendre ses affaires. Mais impossible de bouger, de faire le moindre mouvement, avec tous ces gens qui squattent le couloir, qui encombrent l’espace. Qui piétinent sur place, rongés d’impatience. Il faut arriver à se faufiler dans la file. En se sentant une deuxième fois coupable, comme si on grugeait dans une queue de cinéma.

A chaque fois, je me pose la même question : mais pourquoi tous ces gens se lèvent-ils dix minutes avant l’arrivée ? Qu’attendent-ils ? Qu’espère-t-ils ? Croient-ils, sérieusement, qu’ils arriveront plus vite ? Croient-ils que le fait d’être debout avec leur valise et leur sac à dos leur permettra d’arriver à Paris avant un gars comme moi, qui reste peinardement assis ? Ils devraient tout de même savoir, d’expérience, que ce n’est pas vrai. Que ça ne sert strictement à rien d’être debout. Que ça n’accélère rien du tout. Mais non, la fois d’après, ils recommencent. Il y a là un vrai mystère. Aussi inexplicable que l’échouage collectif de baleines sur la côte. Un comportement qui relève de la pensée magique : si je me lève, j’arriverai avant tout le monde. C’est tout simplement fascinant. A croire que l’impatience est au cœur de l’homme. Il voyage en TGV pour aller de plus en plus vite. Mais il veut aller plus vite que vite. Ces dix dernières minutes sont de trop. Elles ne devraient pas exister. Alors, il se lève pour les abolir. Pour forcer le temps. Il est déjà arrivé puisqu’il est debout. Pensée magique vraiment.


Passagers, mes frères, écoutez-moi : ça ne marche pas ! On n’arrive pas plus vite ! (…) Dans les avions, au moins, personne ne se lève dix minutes avant l’atterrissage. Faites voler les TGV, ça calmera les impatients »

Génial, et tellement vrai !
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

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