samedi, février 09, 2008

Albert Dubout vit encore !


J'ai passé 3 heures délicieuses aujourd'hui chez Didier Dubout, le petit-fils d'Albert DUBOUT (1905-1976).
Me recevant dans un immense appartement haussmannien du quartier de l'Etoile, il m'a montré quantité de documents, livres rares, lithographies, originaux de celui qui fût sans nul doute un des plus grands dessinateurs du XXème siècle.
Pour avoir pu admirer de près certains originaux à la plume et lavis des années 30 (génial pour inaugurer mes lunettes de presbyte), je peux affirmer que le trait d'Albert Dubout dans ces années est à son sommet ! D'une finesse incroyable, même si pour l'humour, il trouvera certainement plus ses marques dans les années 50/60.

Didier Dubout, grâce notamment à son travail sur dubout.fr, contribue à faire vivre l'oeuvre de son grand-père, avec les grand thèmes qu'on connait bien : les chats, les corridas, les scènes méridionales - comprenant les affiches des films de Pagnol - et aussi les dessins plus licencieux illustrant le Kama Sutra ou la Justine de Sade.

Inutile de préciser que Dubout intéresse les collectionneurs de tout poil.
La grande exposition à la Bibliothèque Nationale de France en 2006 a renforcé la légitimité artistique qui fait parfois défaut aux représentants des arts dits "populaires".
Sa famille garde d'ailleurs précieusement ses oeuvres majeures : pour les expositions temporaires comme l'expo Dubout-Daumier qui se tient en ce moment à Marseille, ou pour le musée permanent de Palavas.

Autre chose m'a marqué : on pourrait croire que pour faire de grands dessins, fourmillant de personnages avec plein de détails amusants, Dubout commence d'abord par crayonner, tracer quelques lignes force pour définir l'équilibre de son dessin.
Eh bien, pas du tout ! Didier Dubout m'a raconté qu'Albert commençait toujours au même endroit (en haut à gauche) puis déroulait petit à petit l'ensemble de son dessin comme une araignée tisse sa toile. Comme s'il avait dès le départ en tête l'idée précise du dessin fini. Et sans jamais aucun repentir, aucune rature, aucune reprise ! Vraiment inhumain, presque monstrueux de virtuosité.

Ceci m'a rappelé ce que le cinéaste Patrice Leconte disait de Jean "Moebius" Giraud vers 1972 : lors des conférences de rédaction à "Pilote" ou même au bistrot du coin, Giraud avait la capacité de commencer un dessin dans un coin de feuille : un éperon, puis une botte, un bas de pantalon, une jambe et - au bout du compte- un formidable Blueberry qui prend corps comme par magie. Sans crayonné, sans ébauche...mais un dessin fini qui possède cet espèce de mystérieux équilibre qu'on pourrait imaginer savamment pensé.
Cette capacité d'apparente abstraction est pour moi l'apanage des très grands noms du dessin.
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