dimanche, mars 23, 2008

Une certaine gêne à se montrer inactif ?


Sur le marché auvergnat où je me rend plusieurs fois par an , aux confins du Cantal et du Lot, il y a plusieurs fromagers.
Bien sûr, ils se font concurrence, et pour le jeune fromager qui s'est installé récemment, ce n'est pas facile. En une matinée, il n'y a pas forcément foule de gens qui passent devant le camion-étal pour se faire servir une part de Cantal Entre-Deux ou quelques bouchons de chèvre.

J'ai remarqué chez ce jeune fromager un étrange manège : quand il n'a pas de client (la majeure partie du temps), il ne veut pas montrer qu'il est inactif, aussi il s'affaire de manière totalement artificielle à de multiples micro-tâches, pour tenter de masquer son inactivité. Par exemple, il prend dans un coin du camion un petit morceau de Cantal, puis l'emballe dans du papier. Quelques minutes plus tard, rebelote en sens inverse : déballer le morceau, le replacer, puis remettre le papier d'emballage dans sa position d'origine.
En faisant tout cela, le commerçant lève quand même très discrètement les yeux, jetant en permanence de petits regards d'aigle aux alentours, pour voir qui passe.
Un peu plus tard, il va faire exactement la même chose avec autre morceau et ainsi de suite jusqu'à ce que qu'un client se présente.

En observateur curieux, ce manège m'a d'abord amusé, puis attristé.
J'en ai déduit qu'il est très très difficile pour un commerçant qui travaille en plein air de paraître oisif. Il faut toujours bouger.
L'oisivité paraissant "louche", il se développe donc une activité "parasite" dans les activités où on est au contact direct du public (dans un camion, sur un étal) lorsque les clients ne se bouculent pas.
De manière générale, l'instinct grégaire des clients les poussent à aller vers les commerçants où il y a déjà du monde. Tout comme vous irez plus spontanément dans un restaurant plein, et qu'une salle vide vous inspirera une certaine méfiance.
Drôle de métier.
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