lundi, avril 28, 2008

Petit inventaire musical

Cela fait longtemps que j'avais envie d'établir dans ce carnet mon petit panthéon personnel dans un domaine qui m'a sans doute donné les plus grandes joies de ma vie : la musique.
Peu musicien moi-même (un peu de guitare classique, puis gratouillages pratiqué en dilettante), j'en ai par contre beaucoup écouté.

Pourquoi ? Non par nombrilisme, ni par nostalgie, mais plutôt parce que j'ai parfois la faiblesse d'espérer faire le "passeur". Parce qu'il me semble qu'on découvre souvent de nouvelles choses par hasard, ou par associations fortuites. Parce qu'enfin l'oreille, ça s'éduque !
Tout comme pour l'Art, l'oeil s'éduque aussi.
C'est dans cet esprit en tous cas que j'élève mes 2 enfants, et nous écoutons à la maison beaucoup de choses de tous styles et époques.

Vers 1972, à 10 ans, je commence à m'intéresser à la variété française. J'achète "Hit Magazine" ou "Salut Les copains" au grand désespoir de mon père - amateur de classique - qui ne voit dans ces journaux que des fadaises. Il s'agit d'une presse d'ados, un peu le précurseur de la presse people.
L'été, dans notre maison d'Orvillers-Sorel (Oise), le hit-parade RTL présenté par André Torrent me passionne. Chaque soir, le suspense est insoutenable pour savoir qui de Sardou, C. Jérôme, Sheila, Stone & Charden, Joe Dassin ou Mike Brant va être premier. Je n'achète que quelques 45 tours (1 ou 2 par an) car mon argent de poche est très limité. J'ai un faible pour Claude François dont je vivrai la mort comme un drame.
Je persiste aujourd'hui à penser qu'il y a des répertoires qui demeurent remarquables et tout à fait écoutables en 2008 : le Claude précité (pas la période disco tardive, mais des chansons comme "Je viens dîner ce soir" ou "Chanson populaire"), Michel Delpech, Gérard Lenorman ou Alain Chamfort, et bien sûr Johnny (quoiqu'il ait plutôt donné son meilleur par la suite).

En 1977, j'achète mon premier 33 tours au Prisunic de la rue d'Auteuil : une compilation K-Tel d'Elvis Presley, bientôt suivie des 2 doubles-albums compilation des Beatles : le "red" puis le "blue".

Vers 1978/1980, des amis me font découvrir Supertramp (mon premier concert, en 1979, dans la grande halle de la Villette) avec "Crime of the Century" , Jethro Tull avec "Aqualung", Yes et ses longues compositions progressives et structurées, et surtout Genesis qui est un choc considérable.
Je vis donc la fin des années baba-cool (déjà un peu has-been), en complet décalage avec ce qui explose à Londres et ailleurs : le punk-rock.


A cette époque, les deux disques qui me marquent le plus sont "Horses" de Patti Smith (1975) et "Nursery Cryme" de Genesis (1971).





A partir de 1980, influencé par un ami qui est comme moi en math-sup, je découvre la new-wave qui a atteint sa maturité en surfant sur l'énergie un peu destructrice du punk : Joy Division irradié par le suicide de Ian Curtis (chronique très marquante de Michka Assayas dans Rock'n'Folk) qui se mue en un novateur New Order, The Stranglers, Siouxsie & the Banshees, The Cure (les 4 premiers seulement jusqu'à "Pornography"), les néo-punk de The Clash (souvenir d'un concert agité au Bataclan), Depeche Mode, Simple Minds, U2 (jusqu'à "War" uniquement) Echo and the Bunnymen, Bauhaus, Elvis Costello. En France, la vague n'est pas sans écume avec Edith Nylon (lycéens à Janson), Taxi Girl (parisiens aussi) ou Marquis de Sade (rennais).
J'en profite pour élargir ma culture sur les classiques des années 70 comme les Stones, Bowie, Lou Reed, Roxy Music, Pink Floyd, avec un soupçon de hard-rock (surtout AC/DC et Led Zeppelin). Le progressif ne m'intéresse plus guère sauf le plus brillant rejeton de Genesis : la carrière solo de Peter Gabriel.

Mais une autre ouverture se produit vers des labels indépendants anglais comme Rough Trade (grâce à une K7 dont on parle ici offerte par le journal Best) avec The Fall, Orange Juice, le label Cherry Red (qui vend pour 1£ seulement une superbe compil "Pillows & Prayers" que j'ai l'occasion de trouver à Londres) avec Tracey Thorn, Ben Watt, ou encore le label 4AD avec la new-wave éthérée de The Cocteau Twins ou les religio-medievalo Dead Can Dance.
J'écoute Bernard Lenoir sur France Inter, et comble de la branchitude, je me rends parfois au quartier latin dans la boutique "New Rose" pour y dénicher le dernier import du label mancunien Factory, attiré tant par la hype du dernier groupe de la semaine que par l'aspect intriguant des pochettes concoctées par le designer Peter Saville. La presse est importante , elle aussi, et de qualité bien que partiale avec "Rock'n'Folk" et "BEST". Collection que j'ai hélas bazardé lors d'un déménagement.


Dans ces années, les trois disques qui me marquent le plus sont "Closer" de Joy Division (1980), "Seventeen Seconds" de The Cure (1980), et "Treasure" de Cocteau Twins (1984).



Je ne peux que constater qu'aujourd'hui mes cinq disques préférés sont toujours les cinq disques que j'ai cité précédemment.
Aussi, il faut croire que ce qu'on dit parfois est vrai : les goûts se forgent assez précocement.

Bien sûr, j'ai aimé plein de nouveaux artistes plus tard : Björk que j'ai découverte très tôt avec ses Sugarcubes, Radiohead, Elliott Smith, ou chez les frenchies Jean-Louis Murat, Yves Simon ou Bashung. Plus récemment Grand Corps Malade : un vrai grand talent.
Tout comme d'autres horizons ont pu s'ouvrir occasionnellement : les musiques de film par exemple où Bernard Herrmann (Hitchcock), Philip Glass, ou Michael Nyman ont pu m'enchanter.

Mais bon, rien à faire... j'ai toujours plaisir à me repasser mes "vieilleries".
Il va sans dire que j'encourage ceux qui ont eu le courage de me lire à prêter une oreille à ces disques.
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