jeudi, août 28, 2008

Les grands mythes de l'immobilier


Alors que les articles sur un krach immobilier en cours abondent dans la presse ces derniers jours, je voudrais revenir sur les mythes immobiliers, qui sont régulièrement brandis par les professionnels pour essayer de justifier le prix élevé des biens.

La plupart des gens croient dur comme fer en ces mythes, ils y croient tellement qu'ils contribuent eux-même à propager ces croyances comme des évidences. En les analysant, on voit qu'ils ne reposent cependant sur ... pas grand chose.

Et si nous les listions brièvement, comme le ferait un sociologue ?
A cet instant, je tiens à être honnête : je m'inspire ici largement des travaux de Jean-Michel Pouré, fondateur du forum de la bulle, travaux que je vais tenter de synthétiser.

1) le mythe du propriétaire
- Devenir propriétaire est présenté comme un but ultime dans la vie. Cet objectif justifie tous les sacrifices, y compris celui de s'endetter à hauteur de 33% sur 30 ans. Les acheteurs perdent la notion des prix et confondent remboursement mensuel, loyer mensuel et coût total d'acquisition.
- D'autre part, être propriétaire est un signe de reconnaissance sociale. Dans certains cas, l'acheteur perçoit l'achat comme l'appartenance à un groupe social.
- Enfin, la propriété est perçue comme un moyen de faire fortune rapidement. L'immobilier est présenté comme la nouvelle pépite.

2) le mythe du locataire frustré (corollaire du mythe précédent)
Dans l'imaginaire collectif, le locataire est perçu de la manière suivante :
- Le locataire n'aurait pas les moyens d'acheter. Si le locataire loue, c'est qu'il est pauvre. Il en résulte un amalgame entre classe aisée (les propriétaires) et classe moyenne (les locataires).
- La location serait de l'argent jeté par les fenêtres. Le locataire serait donc un gaspilleur dans l'âme. Une sorte de cigale chantant tout l'été, alors que la fourmi travaille à construire un capital.
- Les locataires seraient jaloux des propriétaires.

3) le mythe de la hausse éternelle
D'après la croyance populaire, les prix de l'immobilier ne peuvent pas baisser.
- les prix de l'immobilier progresseraient en continu. Cette croyance justifierait de prendre le train de la hausse avant qu'il ne soit trop tard.
- la pierre serait un valeur refuge. En cas de problème économique, les prix de l'immobilier se maintiendraient.
- la pierre échapperait à tout raisonnement financier. Il y aurait un amour pour la pierre, justifiant les prix hauts. Si les prix montent, c'est que l'attrait pour la pierre augmente.

4) le mythe du TGV, des aéroports, des autoroutes, ...
Selon la croyance populaire, la hausse des prix de l'immobilier, dans certains quartier ou dans certaines villes, s'explique par la présence de moyens de communication.
- Les aéroports attirent les étrangers. Des compagnies low-cost leur permettent de nous envahir à moindre coût.
- La présence du TGV attire des parisiens, qui vivent à proximité des gares et travaillent dans la capitale. Avant, se déplacer en train était plus lent.

5) le mythe des étrangers
Les étrangers sont souvent rendus responsables de la hausse des prix de l'immobilier.
- Les étrangers rachèteraient des quartiers entiers dans les grandes villes. Ils se porteraient acquéreurs de résidences secondaires en province. D'après la croyance populaire, plus de 30% des transactions seraient le fait d'étrangers. En conséquence, les Français ne pourraient plus se loger à bon prix.
- Les compagnies aériennes low-cost (Ryanair) établissant des liaisons quotidiennes avec Londres seraient responsable de l'arrivée en masse d'étrangers, décidés à émigrer sur nos terres. Avant, les étrangers allaient à l'hôtel ou au camping. Désormais, ils achèteraient nos biens immobiliers.
- Les étrangers seraient attirés en France par les prix bas. Les prix seraient plus élevés chez eux, ce qui les pousserait à s'exiler dans notre pays.

6) le mythe du rattrapage européen / parisien
D'après la légende, les prix de l'immobilier en France seraient en retard.
- Par exemple, on cite souvent Paris comme en retard sur les grandes capitales européennes que sont Bruxelles et Berlin. La hausse des prix en France paraît justifié par la nécessité de rattraper les prix de nos plus proches voisins.
- A côté du mythe du rattrapage existe également entre arrondissements populaires et " beaux quartiers " parisiens. Selon ce mythe, les prix dans l'agglomération devraient converger.

7) le mythe des parisiens
les Parisiens sont également responsables de la hausse des prix en province ? Les caractéristiques du mythe, tel qu'il nous parvient, est le suivant :
- Les Parisiens seraient mutés en Province et feraient monter les prix. D'après la croyance populaire, le nombre de mutations serait en forte hausse. Le mythe est présent dans les villes peu touristiques, particulièrement lorsque les Anglais sont absents. Le mythe des parisiens serait alors un mythe de substitution.
- Les Parisiens n'ont pas la même notion de l'argent que les provinciaux. Du coups ils achètent à prix fort ! Sans se soucier des prix locaux, ni négocier.
- Les Parisiens seraient toujours pleins aux as (comme les Anglais d'ailleurs). Ils roulent dans de grosse voitures et arrivent par avion ou en prenant le TGV.

Il y a bien d'autres croyances populaires, comme le mythe des divorcés (les divorces feraient qu'il y a moins de logements disponibles, puisqu'un couple qui se sépare, c'est 2 logements nécessaires), ou le mythe des retraités (les personnes âgées déménageraient en province pour y passer leur retraite, et seraient responsable de la hausse des prix dans ces régions), ou encore le mythe de la "vente en une journée".

Et alors, me direz-vous ?
N'y a-t-il pas un peu de vrai dans tout cela ?
Bien sûr que oui : il y a toujours un peu de vrai dans les croyances populaires. Cependant, une analyse des chiffres permet de démonter largement ces croyances (par exemple, 2% seulement des achats immobiliers en France sont réalisés par des étrangers).

Alors ... ne vous laissez plus embrouiller par les professionnels ! Gardez l'esprit clair, et apprenez à séparer les faits incontestables de toutes ces croyances.
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