mercredi, avril 21, 2010

Le Gall : toute une aventure


Ce grand dessin tout en longueur de Frank LE GALL pour sa série "Théodore poussin" (superbe série au demeurant, que je recommande ) me posait problème depuis pas mal d'années.


Achat il y a une douzaine d'années à Drouot dans une vente "Bulles à Drouot" qu'organisait Frédéric Bosser, et je ne suis pas mécontent d'avoir trouvé cette scène des audiences, très décorative, exotique, bien dans l'esprit de la série.

Première erreur : Je la laisse dans son cadre d'origine (bas-de-gamme) et dans une pièce baignée de soleil, alors que je m'aperçois sur le tard que la signature est au feutre. Si l'encre de chine ne craint pas grand chose, un feutre médiocre si ! Le feutre commence par jaunir puis disparait.

Deuxième erreur : après m'être aperçu de ma première erreur, au bout de 3 ou 4 ans, changer le dessin de pièce pour le mettre dans un endroit plus sombre (l'intention était bonne). Mais mettre le cadre bas-de-gamme sur un mur qui s'est révélé légèrement humide, alors que le dos de l'encadrement est un simple carton tenu avec des épinglettes, pas étanche.

Résultat : il y a 2 ans, je me suis aperçu que la papier était rongé par d'horribles rousseurs, des tâches, des champignons, le papier est "piqué", quoi !

Comment faire ?
L'idée de laisser l'oeuvre se dégrader ne me plaisait pas, car il parait que les champignons progressent et auraient fini par détériorer irrémédiablement ce dessin.
Alors, j'ai décidé de passer à l'attaque !

D'abord faire restaurer le papier par l'intermédiaire de Marie-Laure de Lapérouse, (ce n'est pas elle qui est intervenue mais elle connait des gens dans le métier). Beau boulot qui a quasiment enlevé toutes les tâches sans abîmer le dessin. Je ne sais pas exactement comment ils font, je crois qu'ils passent une lotion à l'arrière du papier qui aspire les champignons.
Ensuite, il s'est posé un autre problème : celui de la signature. Comme la restauratrice n'a pas voulu toucher à la signature (à dire vrai, je ne savais pas si j'aurais l'occasion de le faire resigner), le papier autour de la signature est resté piqué.


Vous pouvez voir ci-dessus l'état de la signature et des rousseurs du papier !

Comme la Galerie Petits Papiers organisait ces derniers jours une exposition Frank Le Gall, j'ai été au vernissage pour faire resigner Le Gall dans un autre endroit du dessin, ce qui a nécessité que j'ampute ce tout petit morceau à droite.
La signature a été faite cette fois ci avec un feutre indélébile de qualité, car cet auteur ne peut guère signer à l'encre de chine comme il me l'avait expliqué lors de nos correspondances : "la raison pour laquelle je signe rarement à la plume, c'est qu'elle et ma signature ne s'entendent pas. je ne peux pas signer vite, et ma plume s'arrête ou crachote dans tous les tournants de mes "L"..."

En revoyant le dessin, le Gall m'a dit qu'un des personnages à l'extrême gauche était un autoportait de l'époque ! Exactement comme Hergé qui se dessinait dans la foule de l'audience dans "Le Sceptre d'Ottokar"...


J'ai ensuite parachevé mon projet en réencadrant l'oeuvre dans un cadre Nielsen long, tout bête à Bricorama, avec un passe-partout taillé sur mesure. Je trouve que ça rend bien.


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1 commentaire:

danielsansespace a dit…

Un chouette billet qui montre comment nos originaux nous accompagnent pour le meilleur et pour le pire, et quelle responsabilité nous pouvons avoir dans la conservation de ces pièces.