mardi, juin 17, 2008

Poisson froid


Article amusant dans Télérama (rien que le titre : "Riche lieu, Drouot"), où Nicolas Delesalle plonge dans la folie de l'Hôtel Drouot. Rien que de classique sur un monde qui a ses rites et son jargon, mais j'ai bien ri en apprenant ce qu'était un "poisson froid". Il faudrait que je demande à mon ami Florian, il doit connaître, lui qui est un vrai passionné des salles de vente.

Parlant d'une rare potiche chinoise qui montera jusqu'à 2 millions d'euros, le Commissaire-priseur D. Ribeyre raconte :
« L'acheteur était un poisson froid. Assis au premier rang, il a laissé les autres enchérir. Au moment où j'allais adjuger, à l'ultime seconde, il m'a fait un discret signe de la tête. Il n'a jamais rien laissé paraître. Un marchand italien ! »
Et le journaliste : "On prend note. Poisson froid. Ne rien laisser paraître. Laisser les autres enchérir. "

Reposant l'article, je l'imagine bien la tête du poisson froid, avec son battement de sourcil final.
Quand je suis en salle, potentiellement intéressé par une pièce, il est un instant où il faut prendre une décision, le numéro se rapprochant.

Un bref moment de fêlure schizophrénique, de doute où mon petit ange me dit "Vas-y, fais-toi plaisir" et mon petit démon l'interrompt en hurlant "Mais non ! Ne dépenses pas tes sous bêtement !".
A moins que ce soit le contraire, que ce soit l'ange qui me supplie d'être raisonnable, le démon personnifiant le collectionneur jamais rassasié.
A ce moment là, l'adrénaline monte, le coeur bat plus fort (comme le jour du premier achat). Je ressemble alors sûrement plus à un coq rougeaud qu'à un poisson froid.

Allez, soyons franc. Depuis novembre 2005 et cette histoire d'enchère involontaire qui m'a complètement traumatisé, ce n'est plus "poisson froid". Je ne peux plus lever la main, j'ai carrément la trouille. C'est carrément "poisson mort".
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