mardi, mai 25, 2010

Brut de zik

Je viens de refermer un bouquin formidable.
Pour ceux qui, comme moi, ont vécu la musique des années 70 (fin de la décennie pour moi) et des années 80 en lisant Best et Rock & Folk vont retrouver dans ces 500 pages plein de bons articles de cet époque, puisés aussi dans d'autres supports (Actuel, Libé, Les inrocks).

C'est vrai , comme le rappelle Pierre Lescure en préface, que nous avons d'excellents "rock critics" en France qui ont souvent essaimé dans d'autres genres artistiques comme le roman, le cinéma ou la télévision.
Je voue une dévotion toute particulière à Philippe Garnier qui fut longtemps correspondant permanent de Rock & Folk en Californie, ses articles foutraques mais passionnants, ses fulgurances, son style plein de vie.

J'en viens d'ailleurs à regretter terriblement d'avoir un jour (1988 ?) jeté toute ma collection de Rock'n'Folk pour faire de la place dans les étagères de mon studio de la rue de l'Armorique, en vue d'accueillir les affaires d'une girlfriend. Aujourd'hui, je regrette plus les magazines que la girlfriend !

Parmi tous les articles que j'ai aimé dans ce livre, j'en retiendrais particulièrement une dizaine :

- En voyage avec Jimi Hendrix par Alain Dister (1967)
- Des interviews de Mick Jagger par Philippe Paringaux (en 1970) et Bruno Blum (en 1980)
- Philippe Garnier enquêtant sur les Cramps et Père Ubu (1977)
- Un portrait du sensible Robert Wyatt par Paul Alessandrini (1974)
- Une interview émouvante de Brian Wilson (Beach Boys) qui a sombré dans la folie par Michka Assayas (1992)
- Les efforts démesurés de Starshooter pour atteindre le succès de Trust et Téléphone par Christophe Nick (1983)
- Un très beau texte sur l'archange-poète Nick Drake par François Gorin (2004)
- Les embrouilles judiciaires autour des droits d'auteur de La Lambada racontées par Yves Bigot (1989)
- Enquête à la manière d'un privé sur la jeunesse de Bruce Springsteen dans le New Jersey par Serge Kaganski (1997)

Ne manquent finalement dans ce livre que la signature du mythique Philippe Manoeuvre qui n'aurait pas dépareillé, mais n'a pas souhaité apparaître, et d'autres auteurs moins connus comme Hervé Picart qui chroniquait dans Best le hard-rock et le rock progressif dans un style emphatique qui me faisait toujours sourire.
Share/Save/Bookmark

vendredi, mai 21, 2010

Tintin et les coquillages



C'est la saison des ventes aux enchères qui redémarre dans la spécialité que je suis (bande dessinée), avec quasiment une vente chaque week-end : Artcurial, Coutau-Begarie, Banque Dessinée, Millon etc... et pour la première fois Piasa qui essaie de prendre le train en marche dans cette spécialité que l'on dit en plein essor.

De quoi se faire plaisir dans toutes les catégories de budget, bien que je déplore les frais élevés pris par les maisons de vente en sus des enchères (entre 20 et 25% en général). Depuis quelques années, ces frais plombent mes envies d'achat "coup de coeur", et je préfère souvent les transaction entre particuliers, ou auprès des galeries qui pratiquent des prix raisonnables (comme Petits Papiers ou Maghen).
Piasa a subtilement négocié son entrée en scène pour monter une vente consacrée à Hergé , en s'associant aux détenteurs des droits (Moulinsart, ex-Fondation Hergé). Belle opération qui a poussé quelques particuliers à y vendre leurs trésors, puisque directement vendables avec l'authentification de Moulinsart, ce qui est primordial.

Un des trésors principaux de la vente est un magnifique dessin à l'encre de chine, aquarelle et gouache sur papier à dessin, fait en 1947 pour son grand ami Edouard Cnapelinckx, passionné de coquillages. Moulinsart signale que jusqu'à ce jour, ce "Tintin et les coquillages" superbe était totalement inconnu de tous les spécialistes, et absent de tous les recensements.
Le rédacteur du catalogue se fait lyrique : "L'ensemble est particulièrement soigné et dégage une atmosphère à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Mettant en scène les personnages vedettes de la série Tintin et Milou, cette réalisation aux accents surréalistes aurait pu être inspirée par René Magritte ou Salvador Dali. Comme chez ces deux grands peintres, on retrouve des objets surdimensionnés, en l'occurence des coquillages, et un décor naturel, une plage de sable fin et un bord de mer surmonté d'un ciel d'un bleu intense, plus proche du symbole que de l'authentique."

A signaler un détail insolite dans la réalisation : les légères ombres portées derrière les personnages, une fantaisie en contradiction totale avec le style de "la Ligne Claire" dont Hergé fut le plus célèbre représentant.

Visuel copyright Moulinsart sa 2010
Share/Save/Bookmark

Faire des "Powerpoint" : merveilleux outil ou vulgaire piège ?

Regardez le visuel ci-dessus ... vous y comprenez quelque chose ?
C'est pourtant à partir de ce genre de "plat de spaghettis" que des dirigeants sont parfois amenés à prendre des décisions importantes.
Quand on y réfléchit 5 secondes, c'est absurde, non ?

Il y a quelques semaines, cet article du Figaro (et les commentaires laissés) que m'indiquait un ami m'a fait tilter.

On le sait, dans les entreprises, les gens passent de plus en plus de temps à faire des powerpoints, avec des slides plus ou moins percutants, des jolis graphiques etc... Cela permet de montrer qu'on a "préparé la réunion", même si parfois tout cela est très creux.

Ce que l'article explique, c'est que l'armée US en est arrivée à bannir petit à petit les powerpoints.
Comme dit le général H. R. McMaster qui y voit carrément une menace intérieure : " C'est dangereux car cela crée l'illusion que l'on comprend une situation et qu'on la contrôle ".
C'est exactement ça !
On en est pas encore là dans les entreprises françaises où ce diabolique outil est loin d'être abandonné, et je peux vous dire que 90% des consultants s'en donnent à coeur joie pour "faire des powerpoints", et parfois ... vendre du vent.
Share/Save/Bookmark

jeudi, mai 20, 2010

Fondation Cartier : Moebius Trans Forme

Après l'exposition Kitano dont on entend énormément parler dans les médias actuellement, je pense que la prochaine exposition de La Fondation Cartier va beaucoup m'intéresser !


Du 12 octobre 2010 au 13 février 2011, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente MOEBIUS-TRANSE-FORME, la première grande exposition à Paris jamais consacrée à l’œuvre de Jean Giraud, connu sous les pseudonymes de Gir et Mœbius. Icône incomparable de la bande dessinée, inventeur de formes extraordinaires, dessinateur génial, Mœbius est un artiste qui dépasse les limites traditionnelles de sa discipline. Cette exposition inédite s’organise autour du thème de la métamorphose, un motif majeur et omniprésent dans son œuvre. Avec leurs paysages et leurs personnages en perpétuelle transformation, ses dessins explorent les confins de l’inconscient et dévoilent un monde imaginaire et fantastique. À travers la métamorphose souvent brusque et inquiétante d’une figure, d’un décor, Mœbius révèle un monde où les apparences ne sont pas aussi stables qu’on pourrait le croire.

Octobre 2010 ! Parfois j'aimerais que le temps passe plus vite.
Le vieux génie est fatigué, mais j'ai le sentiment qu'il serait encore bien capable de surprendre...
Share/Save/Bookmark

mardi, mai 18, 2010

Encore vert !


J'en ai rêvé ici, Glénat l'a fait !
Superbe idée que de réunir toutes les idées de Reiser sur l'écologie, avec ce bouquin qui regroupe planches connues et d'autres plus rares parce que non parues en album mais seulement dans des périodiques ... à l'époque dans Pilote, La Gueule Ouverte, Charlie Hebdo, Hara-Kiri, et le Nouvel Obs. Ces 200 pages se referment en se disant que ce type (mort il y a 27 ans déjà ) était vraiment un génie qui avait 50 ans d'avance sur son époque !
Ah ce Reiser pour qui je conserve une tendresse particulière, c'est lui qui m'a indirectement donné le virus de la "collectionnite".

Avec sa couverture souple, son format agréable 32x23, ses finitions assez chic (marque-page fixé, etc...) Glénat fait à peu près ce que fait Hoebeke ("Cabu et Paris", "Siné 60 ans de dessin" , "Hara-Kiri les belles images") et Vents d'Ouest ("Cabu reporter années 70", "Cabu reporter années 80"). Toutes ces collections a priori disparates vont s'harmoniser superbement dans nos bibliothèques d'amateurs.
Share/Save/Bookmark

lundi, mai 17, 2010

Si ceux qui disent du mal de moi ...


Si ceux qui disent du mal de moi
savaient ce que je pense d'eux,
ils en diraient bien davantage.

Sacha GUITRY (1885-1957)

Share/Save/Bookmark

lundi, mai 10, 2010

Solé & les dinosaures du rock


Drôlatique cette couverture de Solé pour le dernier "Fluide Glacial", un spécial Stones apparemment.

Qui connait Jean Solé, finalement ? Dans le grand public, peu de gens, sauf si on dit que c'est lui par exemple qui a dessiné le fameux routard, et toutes ses déclinaisons.

Ou encore l'affiche du cultissime "Le Père Noël est une ordure".
Ses dessins fouillés, absurdes (à l'image d'un Edika) et même parfois hyperéalistes, on les retrouve depuis longtemps dans "Pilote", et dans "Fluide Glacial" dont il fut un des cofondateurs avec Gotlib.

Mon conseil si vous voulez en savoir plus sur Solé : offrez vous "Carnets Intimes" qui est une sorte de riche compilation de ce qu'il a fait en 40 ans de carrière.
Share/Save/Bookmark

samedi, mai 08, 2010

David B, une après-midi tranquille


Passage ce samedi 8 mai (férié) par la librairie "Envie de lire" à Ivry-sur-Seine (94) pour l'après-midi conviviale organisée avec David B. (j'ai déjà parlé de cet auteur ici) : dédicace, petite exposition d'originaux....
Pas vraiment le genre de coin où je vais me balader le week-end mais il se trouve que je bosse à côté, donc je connais un peu cette librairie engagée, militante, altermondialiste qui a des bouquins de grande qualité sur tous les sujets.
Comme il n'y avait quasiment personne, ça m'a permis de faire dédicacer 2 livres que je n'avais pas, et de parler un peu avec David B., notamment du beau livre que je rêve de voir sortir depuis pas mal d'années : une intégrale "L'ascension du Haut-Mal".
Ils l'ont bien aux Etats-Unis ! Ce chef d'oeuvre du graphic-novel y est sorti sous le titre "Epileptic".
En France, il faut pour l'instant acheter les 6 tomes.

Mais attention, je ne voudrais pas d'une intégrale au rabais : il faut un livre en grand format (et non pas le format BD traditionnel), imprimé sur un beau papier (pas glacé), un peu comme l'intégrale "La guerre d'Alan" d'Emmanuel Guibert qui est - outre que c'est un chef d'oeuvre - un livre d'une rare beauté.
L'exemple à ne pas suivre serait l'intégrale "Persepolis" (Satrapi) qui - de par son petit format - ne conviendrait du tout à la saga racontée par David B. dans "l'Ascension du Haut Mal" (l'histoire de son frère épileptique) : les planches sont complexes, bavardes parfois, très travaillées, avec plein de détails. Ca ne ressortirait pas, alors que le graphisme de Satrapi est nettement plus simple.

Paradoxalement, David B. est aujourd'hui moins connu du grand public que Marjane Satrapi ("Persepolis"), mais c'est pourtant lui qui l'a formé quand elle est arrivée en France, et lui a donné envie de raconter son histoire en bande dessinée.

David B. est un auteur important, riche d'une immense culture sur tout ce qui touche les mythes les légendes, les rêves, l'introspection. Il possède en outre - par son audace graphique - une capacité à transcender ce médium riche qu'est le 9ème art, à lui inventer de nouvelles limites.
Share/Save/Bookmark