jeudi, décembre 03, 2009
Science-fiction des années 50
Le goût pour les originaux de bande dessinée n'est pas forcément, comme on pourrait le croire de prime abord, la quête nostalgique d'une enfance perdue.
Une sorte de "madeleine de Proust" qui fait qu'on voudrait retrouver ses sensations d'enfant.
Bien sûr, au départ, il y a souvent un peu de ça. Et puis, on évolue au fur et à mesure qu'on découvre de nouvelles choses.
Pour moi, c'est paradoxalement aussi de découvrir de nouveaux horizons dans les deux sens :
- à la fois dans l'époque actuelle, dans les jeunes auteurs des années 2000
- et aussi en remontant le temps dans les années 40 et 50, où je n'étais pas né.
Là, ça a commencé par un vendeur qui a mis en vente quelques planches de science-fiction des années 50, puis quelques dizaines. Planches proposées en "achat immédiat" à prix très doux : 15, 20 euros, ou 30 euros pour les plus belles. Attiré par un premier achat, je me suis rapidement pris au jeu, mais en essayant de ne sélectionner que le "premier choix".
Visiblement, cet amateur a récupéré un gros stock des éditions Aredit et Artima, sises à Tourcoing qui éditaient des petits formats publiant de la SF et de l'aventure dans les années 50.
J'ai consulté mon BDM (c'est un peu la Bible des amateurs de BD), petit à petit j'en suis venu à connaitre certaines choses, et des auteurs comme Melliès, Giordan, Boixcar, Brantonne (je connaissais déjà ce dernier).
En discutant un peu plus avec le vendeur, visiblement bon connaisseur, j'en suis venu à connaitre un peu mieux le travail de titan d'un auteur comme Raoul Giordan : près de 12.000 planches pour des revues comme "Météor", "Sidéral", "Anticipation", sans compter des milliers d'illustrations... Et devinez quel était son passe-temps ? la peinture ! il a laissé 2000 tableaux.
Une vie de travail, avec très peu de reconnaissance, des revenus au lance-pierres ... qu'en reste-t-il aujourd'hui dans la mémoire collective ? Je vous laisse répondre à la question.
On peut penser ce qu'on veut des scénarios qui paraîtront naïfs aujourd'hui.
J'ai scanné certaines planches, puis isolé des cases. Vous pourrez vous rendre compte que le travail sur ces planches est loin d'être du travail bâclé : c'est du très beau boulot, très bien fini.
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2 commentaires:
Whaaaou! 12.000 planches?
Il n'y a guère que Sfar qui peut prétendre à un tel nombre aujourd'hui. ^^
eh eh...je pense que Joann en est encore loin quand même mais il est encore jeune... Voici que je sais par un ami de Raoul Giordan, j'ai peine à imaginer la somme de boulot que ça peut représenter.
"Raoul Giordan, reconnaît bien ses dessins, mais ne se souvient pas du tout de leur raison d'être.
Ce n'est pas son âge qui crée défaillance, mais le fait qu'il a énormément dessiné:
plus de 5600 planches pour "Météor", 5000 planches pour "Sidéral" et "Anticipation",
auxquelles viennent s'ajouter toutes ces illustrations de textes diverses.
A cette masse de dessin, est venu se superposer un an de travail consacré à la BD "Space Gordon".
Cette production ne lui laisse pas particulièrement bon souvenir:
- sous-payé,
- énorme pression, qui surtout portait atteinte, à ses yeux, à la qualité de son oeuvre,
- maux de tête... etc.
Pour oublier le dessin, il s'est adonné a la peinture (plus de 2000 toiles !), qui ont heureusement un peu occulté la première et douloureuse période.
Il n'avait pas vue d'ensemble du travail fourni, comme peut avoir un lecteur de BD, mais seulement case par case, ne lisant le scénario qu'en diagonale pour ensuite ne se consacrer qu'à la case.De toute façon il n'avait pas le temps.
Il ne se souvient d'aucun scénario de Météor; il en a seulement conservé un souvenir "global".
Au début des années 90, il a repris goût au dessin, retrouvant des plaisirs oubliée et a réalisé de magnifiques oeuvres dont certaines sont exposées sur le site Internet consacré à Météor.
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